notamment par la doctrine paulinienne du corpus ecclesiae mysticum et par le droit romain cette metaphore organiąue avait etc developpee au XTT siecle par Jean de Salisbury dans soi influent Policraticus, eile avah connu depuis un grand succes et etait devenue, deux cents an plus tard, un lieu commun de la pensee politiąue, particulierement en France13.
En assignant a chacun un rang et une fonction bien determines, 1’image du "corps d< policie"14 permettait de jusdfier la stmcture hierarchisee de la societe; les juristes et le
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theoridens de l’Etat y voyaient en outre un argument a 1’appui de leurs theses monarchistes une seule tete, un seul chef45. Pendant tout le Moyen Age, a quelques rares exceptions pres16 la monarchie constitua en effet, pour les penseurs politiques, la meiileure formę di gouvemement possible, voire la seule concevable. II n’est donc pas etonnant, "a une epoque oi la royaute [etait] plus limhee par des prindpes que contrólee par des institutions"17, que le: intellectuels medievaux aient tót senti le besoin de codifier - et de moraliser - Part d< gouvemer. A partir du IX® siecle, des clercs exposerent dans des "miroirs du prince" les vertu: et les ąualites que le souverain ideał devait, selon eux, posseder: ces traites forment un genr< litteraire particulier dote d’une remarąuable longevite, puisqu’on continua de rediger de: "miroirs1 2 3 4 5' jusqu’a la fin du Moyen Age et au-dela18. Parallelement a ces ouvrages theoriques des panegyriques "mettaient sous les yeux du roi regnant le modele de son predecesseur parę d< toutes les vertus"w: a cette demiere categorie appartiennent des oeuvres aussi diverses que Ić Vita Caroli Magni d’Eginhard (IX* siecle), la Pita Ludo\ici VI Grossi regis de Suger (XII' siecle), la Ple de saint Louis de Joinville (XHT siecle) et, pour le regne de Charies VI, le Livrt des fais et bonnes meurs du sagę roy Charles Pr (1404) de Christine de Pisań. Saisie dans U longue duree, et sans meconnaitre tout ce qu’elle comporte de conventionnel, voire de statique
13 J. Kiynen. L 'empire du roi, pp. 169, 242*246 et 478 n. 14.
14 L'expression est empruniee a Christine de Pisań, dom le Uvre du corps de policie a ete redige entre 1404 ei 1407.
6 7 8 9 10 B. Guenee. L 'Occident aux XTV et AT" siecles. p. 134.
On pense ici sunout aux sentimcnls "republicams” qm. dans la premiere rooitie du XV* siecle, om anime
episodiąuement ąueląues grandes villes italiennes telles que Florcnce; le mowement, du reste ćphćmćre, a ĆU
analyse par Hans Baron dans son ouvrage The Cnsis of ihe Early Italian Renaissance. Civic Humanism anc
Republican Liberty in an Age of Classtcism and Tyranny, Princeton, Princeton University Press. 1966 (!*" ed.
1955|. XVIII-584 p.
J. Krynen, Ideał du prince et pouvoir royal. p. 55.
19 Ibid., pp. 52-56 (en particulier p. 53 n. 6). Qu’il suffise de mentionner irois ocu\tcs majcures, presque concoraitantcs mais fort difieremes, du dd)ut du XVT siecle: le Prince (1513) de Machiavd, 17nstitutic Drincipis christiani (1516) d’Erasme et YInstruction d’un prince (1516-1519) de Guillaume Budć.
B Guenee. L 'Occident aux XTV et Alf siecles, p. 137.