de mars a novembre 1942 comme cadet dans ce qui etait alors 1'Army Air Corps (l'Air Force d aujourd hui). Le nombre des participants au cours suivant tripla et cinq d entre nous furent selectionnes pour enseigner au laboratoire. L'ef-fectif du dernier cours augmenta encore et 15 dentre nous furent choisis, qui resterent jusqu'en juin 1944.
H. T. — Qui etaient les maltres et les chefs de file de la meteorologie avant la seconde guerre mondiale ?
E.N.L. — Les differentes universites du pays comptaient un certain nombre de meteorolo-gistes distingues. Au MIT, il y avait MM. Hurd Wil-lett, Henry Houghton et Bernhard Haurwitz, pour n'en mentionner que quelques-uns. A Chicago, c etait Carl-Gustaf Rossby et, a l'Universite de Californie, a Los Angeles (UCLA), Jacob Bjerknes, Jórgen Holmboe et Morris Neiburger. Le Weather Bureau des Etats-Unis d'Amerique comptait egalement de remarquables meteorologistes, comme Harry Wexler et Francis Reichelderfer1.
H. T. — Vous avez servi dans l'Air Corps de 1'Armee americaine en tant que prevision-niste operationnel de 1944 a 1946. Que pouvez-vous dire a propos de cette periode?
E.N.L — A la fin du dernier cours de formation du MIT, j'ai ete affecte outremer et, apres un cours de formation a la meteorologie tropicale dune duree de deux mois, a Hawaii, nous sommes partis a Saipan en octobre 1944 pour monter un centre meteorologique regional. Notre mission consistait a etablir des previsions pour les vols a destination du Japon ou des alentours. Ma principale occupation etait de prevoir les vents et les temperatures en altitude. II y avait un probiernie du fait que tres peu d'observations se faisaient entre la Siberie et les alentours de Saipan, mis a part celle des pilotes - qui, d evi-dence, avaient peu de temps a consacrer a cet exercice! II leur arrivait souvent de copier nos previsions et de nous les donner comme s’il sagissait de leurs propres observations. Meme si cela confirmait l'exactitude de nos previsions, nous n etions pas plus avances pour etablir les previsions suivantes! Au printemps 1945, nous partimes pour un nouveau centre meteorologique regional a Okinawa. Je devins chef de la section daerologie et nous procedames de la meme fa-ęon qu‘auparavant pendant quelques mois encore, la guerre achevee.
Reid Bryson, qui avait suivi a l'Universite de Chicago le meme cours que moi au MIT, etait lun de mes compagnons de tente a Saipan. II a main-tenant acquis de la notoriete a l'Universite du Wis-consin et l unę de ses specialites consiste a re-trouver des traces archeologiques de conditions meteorologiques d'antan.
E.N.L. — En ce printemps de 1946, il me fallut choisir entre les mathematiques et la meteorologie. Apres en avoir discute avec Henry Houghton, qui dirigeait le Departement de meteorologie au MIT, j‘estimai que j'avais davantage a apporter a la meteorologie et, en 1948, je soutins avec suc-ces ma these de doctorat.
E.N.L. — Ma these portait sur la prevision nume-rique du temps et je procedais en exprimant les variables sous la formę dune serie entiere chro-nologique. J etais a meme de definir les premiers termes de la serie et de les evaluer pour une courte duree. II n'y avait pas d'ordinateurs et je preferais faire les calculs indispensables a la main plutót que de me servir d‘une machinę a calculer de bureau. II m‘a fallu infiniment plus de temps pour rediger les conclusions et decider ce qu‘il y avait lieu de faire que pour faire les calculs.
E.N.L. — En partant d'un etat initial cyclonique, je precisai la formę du cyclone et cherchai a savoir si les equations allaient me donner des indica-tions sur son comportement futur. Les resultats que j'obtins etaient acceptables pour le deplace-ment cyclonique sur une periode de six heures.
E.N.L. — Cela aurait pu convenir pour une previ-sion de pluie a courte echeance mais ne valait pas une bonne prevision synoptique. Ce qui etait egalement le cas durant les premieres annees de la prevision numerique du temps. Alors meme que les premieres tentatives pour d application les equations s'etaient averees encourageantes, au debut des annees 50 les previsions nume-riques n'avaient rien donnę de bien spectaculaire et il s'est ecoule enormement de temps avant qu'elles ne soient en mesure de concurrencer les previsions synoptiques.
130
Voir interview dans Bulletin de l'OMM 37 (3) (N.d.l.r.)