LES DONNĆES DU PROBL&ME 109
doit corriger, il accuse nettement un souci constant de degager 1’aumóne de la justice entendue dans un sens trop rigide. N’est-il pas permis de voir ici 1’influence secrete de la morale aristotćli-cienne, qu’il connaissait et etudiait avec sympathie1 et qui lui fournissait des notions precises sur la justice, soit generale ou legale, soit spćciale commutative et distributive ? II les adopte et les commente dans sa Somme Theologique et dans son commen-taire sur l’£thique d’Aristote2. Nous disons influence secrete, car il ne semble pas qu’il ait jamais compare expressement la theorie du superflu avec la justice aristotelicienne.
Apres cette assez longue enquete chez les predecesseurs de saint Thomas, il fera bon d’en detacher maintenant les resultats generaux et de les grouper en un raccourci suggestif:
1) on a mis fortement 1’accent sur la dispensatio, obli-gation rigoureuse en soi;
2) tous (sauf Pierre de Poitiers), sous rinfliience evi-dente d’Augustin et de la Glosę, ont rattache Taumone a la justice;
3) mais il y a tres grandę diversite dans la maniere d’entendre cette vertu;
4) toutefois domine la notion de justice generale: ob-servance de la łoi de Dieu, le du a Dieu;
On en trouve une tracę evidente ici meme dsrns la seconde objection
de l’art. 25, de la meme distinction (t. XXIX, p. 509), oO il introduit la
notion de justice economique avec la reference au V Ethicorum. Mgr Martin Grabmann a montre 1’influence de la doctrine d’Aristote sur toute I’oeuvre d’Albert le Grand: « Die wissenschafłliche mission Alberts des Grossen und die entstehung des ckrisłlichen arisloielismus)), dans Angelicum, 1929, p. 325-351.
Beati Albeńi Magni Summa Theologica, II* Pars, Tr. XVI, q. 109, m. 1 (Vives, t. XXXIII, p. 264-265); Beati Albeńi Magni Ethicorum libri X, Lib. V, Tt. 1, c. 3 et 4 (Vives, t. VII, p. 335 sqq.)