LES DONNĆES DU PROBLŁME 105
qui est rectitudo ordinans ad alterum in reddendo ei ąuod suum esł. Enfin la justice au sens le plus propre, qui est la rectitude in red-dendo id quod est poenae. C’est a la justice au premier sens qu’ap-partient la justification obtenue par la satisfaction penitentielle 1. Quant a la misericorde, elle se rattache a la justice au second sens, mais se distingue de la justice au troisieme sens, qui est le plus propre. Si donc on considere le motif-misericorde dans 1’aumóne, on a indirectement un acte de la vertu cardinale de justice; si, au contraire, on envisage le motif-du, on a un acte de la vertu generale de justice. Nous avons vu, a propos de 1’obligation de donner le superflu, que c’etait pour lui de rigore iusticiae2. II semble bien que ce soit dans le meme sens qu’Alexandre de Hales: une obligation sub grati de la justice generale, sous laquelle pour lui se rangent tous les commandements divins3, et qui n’admet pas de restriction et d’echappatoire dans l’execution; et rien de plus. Par ailleurs cette obligation est personnelle: on agirait injustement en enlevant aux riches leur superflu, a moins quon ne soit par rapport a lui un dominus ou un judex 4. Mais au temps de l’extreme necessite, on peut l’exiger sans injustice parce qu’il est suum 5.
De ce rapide expose on peut conclure que, si saint Bonaventure a rattache Taumone par le motif de piete ou misericorde a la vertu cardinale de justice, ce n’est qu’indirectement; le point central reste pour lui le motif du dfl, objet de la justice generale, de cette rectitude de Thomme vertueux qui se soumet au com-
Ouv. cit., in IV Lib. dist. XVII, p. I, dub. 4 (t. IV, p. 433).
Ouv. cit., in IV Lib. dist. XV, p. II, a. I, q. 1 (t. IV, p. 371).
Ouv. cit., in III Lib. dist. XXXVII, a. 2, q. I (t. III, p. 822).
Ouv. cit., in II Lib. dist. XI, dub. 2 (t. II, p. 934).
Ouv. cit., in II Lib. dist. VII, p. II, a. 2, q. 3, ad 2 (t. II, p. 205).