FOTINI TSIBIRIDOU (Komotini)
L’etat de refugie signifie une rupture tant au niveau economiąue, social mais surtout culturel. Dans des rćgions apluralite culturelle, telle que la Thrace au debut des annees ’20, la distinction «nous et les autres» prend des nuances differentes, dependantes chaąue fois du statut culturel de la personne qui parle, qui agit etc. L’examen des mecanismes qui conduisent a la construction de 1’identite trouve ici un terrain fertile. Une serie de relations qui concement les rapports entre indigenes et refugies, entre divers groupements de refugies dont les criteres de formation se basent sur la localite, sur le statut economique et social de meme que sur le statut de leur etablissement en Grece, peuvent servir d’exemples a la recherche des principes, des elements et des strategies identitaires, toutcomme a la finalite de ces demieres. Une telle analyse enfinpourrait indiquer des modes d’appropriation du pouvoir (force, clientelisme, consentement, manipulation), exprimes dans des rapports de dominants a domines, qui peut etre exerce au microniveau d’une petite societe ou au macroniveau de 1’Śtat, durant le processus de la formation d’un Ćtat-nation; tel etait le cas de la Grece qui vit Tetablissement d’un million et demi de refugies au debut des annćes 20.
Le cas qu’on va examiner conceme la cohabitation imposee de deux groupes humains, dans un nouvel endroit, appartenant tous les deux a une categorie minoritaire des «refugies» grecs, par rapport au groupe dominant des «indigenes» grecs. II s’agit du cas d’un village de refugies grecs de deux groupes d’origine differente, les Roumeliotes de Bułgarie et les Thraces de Thrace orientale, qui fait aujourd’hui partie de la Turquie, qui a partir de leur installation en Grece, dans les annees ‘20, jusqu’ aujourd’hui ont ete appeles a cohabiter.
1 Les resultats de cette recherche ont etć dśja presentes dans ma these de nouveau regime, entitree: Tradition et Transition: etude de la formation economiąue et sociale d'une communaute de refugies en Thrace (Grece), Paris, E.H.E.S.S., mai 1990. Pourtant, ici, a partir de ces donnees, j’entreprends le developpement des hypotheses thćoriques concemantes le modę de structuration des identitćs, les rapports d’ethnicitć et les autres formes d’identification consciente ou inconscieute, en meme temps, j’essaye de mettre en rapport ces donnćes avec celles d’autres travaux effecmes en Grece sur la ąuestion des rćfugiśs des annćes ‘20. Une premiere formę de cet article a ćtć dćveloppee, sous formę de communication, durant les travaux du 5‘ CongresInternational deTEthnologia Europea sur le probleme de 1’ethnicitć et du nationalisme, qui a eu lieu 4 Yienne en Septembre 1994.
Rev. Etudes Sud-Est Europ., XXXIV, 1-2, p.79-95, Bucarest, 1996