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Sfil n9est pas rare de rencontrer dans la lit tera turę un serigne appele borom deuk , de faęon generale il s*agira d*un la-man . Dans ce cas, il nous reste a expliquer pourąuoi deux insti-tutions ont eteainsi distinguees ou, pour etre plus precis, ąuelle est la raison ąui a conduit a privilegier la fonction de chef aux depens de 1'autre. L'dvolution sccio-politique que nous avons de-crite dans la secticn I du chapitre I ct la section I du chapitre II doit nous en apporter la repcnse : le remplacement k leurs pos-tes d'autorite des anciens chefs de terre. Ne pouvant toucher aux droits patrimoniaux des familles destituees, les souvorains confie-rent les seules fonctions politiques a des responsables choisis par eux* Par la suitę, cettu categorie de titulaires se renforęa de nombreuses nominaticns faites a 1'interieur du village pour repon-dre a la disparition du lignage fondateur. Cette charge n*est donc que le rósultat d*une longuc ćvolution. En fait, clle n'a prise toute son importance qu9a partir du XIXe siecle ou les nctions d’or-ganisation administrative a lfoccidentale se sont repandues. Sfen tenir aux observations faites alors k cette epoąue pourrait etre une grandę erreur. C'est ce qu'a su eviter le professeur Pćlissier quand il derit : "ąu^l sfagisse du descendant du fondateur ou d*un chef elu par ses pairs, nomme par l^dministration ou elu par la population, qu*il se confonde avec le maitre de la terre et ait hśrite du lamanat, ou que simple exploitant, il se soit irnpose par ses ąualites personnelles ... dans le cadre de la vie sociale et administrative moderne, comme jadis dans celui de lforganisation traditionnelle, il assure a l9interieur du village de reelles res-ponsabilites et incarne sa personnalite k lfegard du monde exterieur" (1966) P. 146.
Une fois levee cette lourde hypotheąue, il nous reste a ap-precier une derniere question : cette charge, dont la naissance et le developpement sont relativement anciens, a-t-clle donnę naissance, au niveau foncier, a un ccllectivisme villageois ? Or nous dit Pelissier : "les esprits forraes a 1’ecole occidentale ont trop tendance k assimiler esprit communautaire et collectivisme et a conclure de la vitalite des communautes familiales, voire de l*au-torite de certains chefs de village, k lfexistence dfinsti* r.tions agraires collectives,ł (1966) P. 132, notę 2 (contra Marty nj-317)
T. II P. 257.
Sfil arrive qu*un borom deuk ait un role foncier rćel et precis, ce nfest pas en fonction de son statut particulier, mais en fonction de la representation d9interets plus lointains, ceux du laman a l*origine, ceux de la communautć villageoise, ceux du bur a une epoąue plus recente ou ces agents administrbrent les terres royales pour le compte de la monarchie puis, a sa disparition, pour celui de la republiąue franęaise ou, dłaprbs Rousseau : "cette autorite indigene est habituellement acceptee par l*adminis-tration franęaise et par Ik transforraóe" (1933) P. 90.
Au lieu de representer sa communaute, il est agent de lfEtat et, est integre dans le cadre administratif ou il devient un subal-terne sans competence autonome. Son statut de 1960 consacre la disparition de la conception traditionnelle des chefs de yillage ou de canton. Mais lfEtat senegalais voudrait restructurer autour de la communaute rurale les villages et les volontes. Nous allons dtu-dier le devenir du premier magistrat communal dans la section sui-vante.