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dement conventionnels, mais aussi l’habitude d’accepter les flatteries et de se preter au jeu en simulant 1’enthousiasme (les panegyriques etaient prononcśs devant la cour). C’est la une des manifestations caractśristiąues de la duplicite. Sevastos Kymśnites etait un grand lecteur des ceuvres d’Aristote et de saint Grćgoire de Nazianze, qui font autoritó en matiere de pensśe greeąue classiąue ou chrśtienne et dont 1’etude marque forcć-ment eelui qui les cultive. Et c’est de ces sources que 1’erudit de Tróbi-zonde puisait l’inspiration pour des compositions destinśes uniquement a lui valoir la faveur du prince et a consolider sa position sociale ! En comparaison de ces pages, que l’on ne peut lirę sans un sentiment de dśgout, les courageuses remontrances adressśes par Anthime d’Ivir, metropolitę de Hongro-Ylachie, dans ses Didahii (Sermons), a l’aristo-cratie valaque et meme au prince Constantin Brincoveanu, sont une exeeption qui prouve que, meme dans l’ambiance de l’śpoque, il y avait encore de la place pour des comportements honnetes 120.
En effet, ce qui en dernier ressort entre en collision sur le plan ćthique au eours du XYIF siacie, c’est d’une part la fidelite a la tradition et d’autre part une prudence, motivće par des conditions toujours plus dures de vie et de survie, qui peut souvent etre taxśe de cynisme ou de manque de caractere. Les actes de courage sont eneore assez fróquents pour mettre en ćvidence les deux attitudes, qui se manifesteront du reste aussi au eours du siacie suivant. Ainsi, le 12 mai 1672, on pendait « Parmak kapu, pres de Begesteni», ^ Constantinople, le jeune boyard valaque Ioan, coupable de la double faute d’avoir dśfendu sa chastetś contrę les assauts d’un soldat turę — tuś par lui — et de son śpouse, et qui, de surcroit, avait rśsistś aux pressions exercśes sur lui pour le convertirm. Toujours k Parmak kapu, le 5 novembre 1707, le pretre armśnien Gomidas etait dścapitś devant 3 000 personnes 122. De meme, le 15 aout 1714, le voivode roumain Constantin Brincoveanu, accusś d’entente avec les puissances ehrśtiennes et de menśes contrę la Porte, śtait dścapitś avec ses quatre fils et son plus proche conseiller, Ienache Yacarescu, en prśsence du sułtan et du corps diplomatique au completj ^ l’heure de l’exścution, le prince refusa de se convertir a 1’islamisme.
120 V. nos observations dans le compte rendu de rouvrage de F. Djmdjiha§vili, AnmiiMoa Hecpuesiu (Anthime d’Ivir), Tbilisi, 1967, dans RESEE, 6 (1968), n° 1, pp. 153 — 156. L'aspect positif de la pensće óthiąue et politiąue du temps est analysć par Al. Dutu dans son ćtude « Le Miroir des princes * dans la culture roumaine, dans RESEE, 6 (1968), n° 3, pp. 442 sqq.
121 D. Russo, Studii istorice greco-romdne (Etudes historiques gróco-roumaines), vol. I, pp. 190 — 191 ; cf. ćgalement Cazanii (Homelies), Bucarest, 1857, pp. 280—281.
122 G. Hoffmann S. J., II uicariato apostohco di Conslantinopoli 1453—1830, Romę, 1935, p. 35 (Orientalia Christiana analecta, 103).