D’autre part, il existe maintenant tant de cartes, d’atlas, de dictionnaires et encyclo-pedies, tires a un grand nombre d’exem-plaires et largement diffuses, qu’on peut aujourd’hui ne plus considerer comme indis-pensable Tacąuisition de nomenclatures sans cesse plus etendues d’accidents geographi-ques, de noms de lieux, de pays et de pro-duits. Laissons executer de telles prouesses de memoire a ceux qui participent aux concours radiodiffuses ou televises. Une cer-taine somme de connaissances est indispen-sable, cependant, a qui desire localiser cor-rectement les phenomenes gćographiques, et requiert, de la part des eleves, un effort non negligeable raais proportionne a leur niveau mental et a leur propre experience de la vie.
L'objet d’un enseignement selectif de la geo-graphie doit etre dTnsister sur les problemes, souvent cruciaux, qui se posent aux hommes pour leur permettre de vivre, en nombre croissant et de faęon meilleure, sur une planetę, la Terre, qui nous semble desormais bien petite. Car ce n’est plus en 80 jours, comme l’avait fait naguere le heros de Jules Verne, mais en moins de 80 heurcs qu’on peut maintenant en faire le tour, par des lignes aeriennes regulieres, ou meme en quelques minutes, comme le font les cosmo-nautes dans leurs satellites spatiaux.
Un expose, meme succinct, de ce qu’il fau-drait faire pour utiliser les ressources poten-tielles du monde, en vue d’ame!iorer les conditions et le niveau de vie de ceux qui en ont besoin, montre quelles taches immenses attendent les hommes de demain, ceux qui sont nos eleves d’aujourd’hui. Ceux-ci man-quent parfois d’ideal, parce que trop souvent on ne leur enseigne que des choses du passe et k peu pres rien sur ce que l’avenir reserve. Leur propose-t-on, par contrę, des mod^les a imiter ? II ne s’agit maintes fois que d’ideaux qui depassent leur entendement, comme la solution des problemes relatifs a l’exploration de Tespace interplanetaire, comme la Iutte contrę les maladies et epidemies, etc.
Le professeur de geographie, au contraire, propose k ses eleves de s’attaquer a des problemes beaucoup plus accessibles, dont la solution, cependant, demande des hommes doues d’une veritable vocation de chercheurs. II pourrait, par exemple, leur proposer, a titre d’ideal, la misę en valeur des ressources d’une region, d’un pays deveIoppe ou sous-developpe, a laquelle participent les agro-nomes, les geologues, les economistes, les ingenieurs, les sociologues, et surtout les geographes, car ceux-ci ont une contribution precieuse a apporter a 1’amenagement d’un territoire.
Quel est, en effet, 1’objet propre de la geographie sinon d’etudier les rapports entre les hommes vivant en societe et le milieu dans lequel ils se trouvent ? Selon certains auteurs, la geographie est « la description et l’expli-cation des paysages terrestres » łi, « une description scientifique des paysages hu-mains et de leur repartition sur le globe »(2). Elle se presente donc comme une science de synthese, mais cette synth£se ne saurait se passer d’une analyse prealable des phenomenes, portant sur leurs rapports reciproques
(1) M.-A. Lekebvre, C. Petit, fclćmenls de yćographie gćnerale, Imprimerie Saint-Alphonse, Louvain, 1948, p. 10.
(2) Max Sorre, IShomme sur la terre, Hachette, Paris, 1961, p. 2.
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