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trage; il exprimc levoeu que ces deux grands peuples prennent la glorieuse inilialive d’une consćcralion diplomatique du prin-cipe de Parbitrage pour le reglement de leurs conflits interna-tionaux, etoiTrc ainsi un grand exemple a Pirailalion du raonde civilisć.
C’est ce vceu que M. Lucas dćveloppe dans deux letlres adres-sćes, Punę datee du 6 mai, au trfcs-honorable M. E. Gladstone, chef du cabinel anglais, et 1'autre en dale du 7, au gćnćral Grant, prćsident de la rćpublique des Etals-Unis.
Nous nous empressons de publier ces deux lettres, d’un haut intćr^t social ctchrćlien, donl M. Lucas a bien voulu nous donner communicalion, et donl il explique ainsi Popporlunitó :
« II faul montrer au peuple amćricain que ce ne sont pas seulement de gćnćreuses sympalhies que le Dr Miles doił lui reporter de PEurope, mais de grar.des espórances qu’il appar-tient a son gouvernement de r^aliser.
* II nc faul pas laisser d'autre part s’accrćditer Perreur que la rćcenle molion de M. Hardy au parlemenl britannique, ten-dante a cequc PAngleterre se sćpardl haulement de Pinterprć-tation donnie aux trois regles du trailć de Washington par le tribunal de Genfeve, puisse ćtre considerće comme un symptóme d’un certain refroidissement de la part du gouvernemenl et du peuple anglais pour Parbitrage internalional. La question du principe de Parbitrage est complćtement indćpendante de 1 opi-nion qu'on peut avoir de 1 interprćtalion de ces trois regles par la scntencc du tribunal de Geneve.
« Ce qu’onlvoulu et ce que veulent encore le gouvernement et le peuple anglais, c’est de concourir au progres humanitaire de Parbitrage internalional. Les rćsultals des deux recents ar-bitrages de PAlabama et de Pile Saint-Jca*i, par cela m£me qu’ils n’ont pas ćtć favorables aux prćtenlions de PAngleterre, Yiennenl accroilre la grandeur de son róle. S’il avait ćtć donnć salisfaction, en cffel, a toules ses prćtentions, PAngleterre ne parattrait obćir qu’a un inlćrćt personnel par ses sympalhies en faveur de Parbitrage.
« Mais lorsqu’el!e persćvere a glorifier ce principe, alors mc me qu’ellecroit avoir eu a souffrir de son application, 1 An-gleterre prouve que Pintórfit donl elle s’inspire est bien I in-tćr£t morał du progres humanitaire, et que la cause qu elle defend est bien celle du dóyelopperaent pacifique de la civilisa-lion. A ce tilre elle peut aspirer a ce que sa voix soit ćcoutee et son exemple suivi par tous les peuples policćs.
€ C'est ici le cas de rappeler le noble langage de M. Co!fax. alors vice-prćsident des Etats-Unis, lorsqu’il disait en 1872: « Quand bien m£me Parbitrage ne nous adjugerail pas un seul « dollar, je me lfcveraisdevant mes conciloyens pour leur crier: « Acceplez cette rćsolution et renoncez a toute indem nile plu-« tót que de reculer d’une ligne de la haule posilion morale ou « vous vous Sles places avec PAngleterre par rapporl auxaulres « nations du monde. >*
Pau, le 6 mai 1873.
Au tres-honor able W.-E. Gladstone, premier lord de la tresorerie.
Monsieur le ministre,
En yous ołTrant un exemplaire de mon ecrit sur le droit de legitime defense dans la penalitó et dans la guerre, dont j'ai Phormeur de vous prier d'agreer Phommage, j'ose esperer que vous nie permettrez de soumeltre a votre appreciation eclairee quelques considerations qui se rattacłient k ce sujet, et qui me paraisscnt interesser a un haut degre la rćalisation d’un grand progres humanitaire.
Lorsqu'on interroge Phistoire et qu’on lui dcmande quelic est la sa-gesse pratiqr.e des nations pour le maintien de la paix et de la liberie au dedans, etlerćpond que c'est la substitution de Pesprit prudemment reformateur a Pesprit revolutionnaire.
Aussi combion aviez-vous raison dedire dans un meeting d’assez re-cente datę que si PAngleterre ćtait le pays le plus librę qu il y eńt dans le monde, elle le devait k ce que depuis deux cents ans elle avait fait heaucoup de reformes et pas une revolution.
L/esprit revolutionnaire, ainsi que je Pecrivais il y a un an environ a mon illustre confrfcrc M. Guizot (1), est ce qu’il y a de plus incom-palible avec Pesprit róformateur: dans Pordre politique il ne fonde rien, pas mćme la liberlć, qu’il livre incessamment et fatalcment a la dicta-lure; et dans Pordre morał il boulcverse la marche de la civilisation, qui ne s’avance pas en entassant ruines sur ruines, mais en suitant le mou-vement progressif et le developpement pacitique de I humanitć.
Lorsqu’on interroge encore Phistoire et qu’on lui demande quelle est la sagesse pratique des nations pour le maintien de la paix et de la se-curite au dehors, il faul bien reconnaltre que I Angleterre, pas plus quc la France, n’a offert le constant exemple de cette alliance de la morale et de la pohtique, qui, dans le monde chrilisć, devrait regler les rela-
11 Lettre du 2* juillet 1872, publiśe par le Moniteur unictrsel da 31 juillet, et in-*ćrće page 117 dc 1'ćcrit : Strr le droit de legitime defense dans la pdnalite et dans la guerre.