essentielies. Mais les chevaliers naiment pas que la guerre; beaucoup ont aussi le gout des lettres. La poesie courtoisc en langue vulgaire compte toujours de nombreux adept es*9. El surtout, le mouvement de traductions d’oeuvres lańnes classiąues, patristiąues et scolastiąues, favorise par les Valois et les princes du sang royal, met a la portee des laics une part sans cesse croissante de la culture clericale90. Mieux, des chevaliers sachant le latin se font eux-memes traducteurs: GuiUaume de Tignonville, qui appartient a la petite noblesse beauceronne, traduit en franęais le De placita philosophorum de Jean de Procida; ses Ditz morowe celebrent la science et la sagesse91. Michel Pintoin a bien rai son de ąualifier ce miles de nvir utiąue litteratus et facetus" (TV, 344).
DTautre part, des auteurs sans cesse plus nombreux se soucient cTintegrer l’eloquence at portrait du chevalier ideał. Traites et manuels recommandent aux nobles de cu!tiver le beat langage pour accroitre leur "honneur", en d’autres termes leur prestige social92. Dans la premiere decennie du XV* siecle, Tauteur du Livre des fais du bon messire Jehan le Maingre. dit Bouciąuaut, qu’Heiene Millet a recemment propose dMdentifier a Thumaniste Nicolas dc Gonesse, consacre un chapitre entier de son panegyriąue a Teloquence du marechal93. La Chrotiiąue du Religiewc de Saint-Denis foumit plusieurs exemples de chevaliers renomme* 99 En 1389, le comie d Eu, le senechaJ d‘Eu. Jean de Cresecąue et Jean Bouciquaut composent ainsi le Livre dei Cents Ba/lades. "qui deba(t] la question de savoir s*il fa[ut) etre loyal en aroour, ou si Ton p[eut| etn inconstani" (B. Guenee. Un meurtre, une societe. p. 148). En 1401. Philippe de Bourgogne et Louis de Bouibor prennent rinitiame de fonder a Paris une "Court d'Amours\ "a la fois ordre de chevalerie et societe lineraire". qui compte bientót quelques centaines de membres. tant laics qu'ecclesiatiques. nobles pour la plupan {ibid., p 149).
90 Voir supra. p. 24 n. 34.
91 B. Guenee. Un meurtre. une societe. p. 150.
92 Ramon LlulL cel aristocrate catalan devenu missionnaire et reformaieur religieux. ecrit dans son Librę de, ordę de cavaileria: mThe knight musi speak beautifully and dress beautifully, and have beautiful gear, and havt a great house. for all these things are necessary in order to honor chivalry. Instruction befits chhralry, foi villainy andfoul words are against chtvalrym (Citć et traduit par M D. Johnston. The Treatment of Speech ir Medicval Eihical and Courtesy Literaturę”, p. 33). Un manuel dćtiąuette anglais de 1460 resume ainsi rintereL pour le gentiihomme. de maitriser Fart de la persuasion: mWith fair speech thou may have thy will. one with thy speech thou may thee spiir (citć ibid., p. 35). Au dćbut du XVT sićde, dans son Pastime of Pleasure (1509), Stephen Hawes va plus loin en recommandanL pour les fils de la noblesse. rapprentissage formel de U rhćtoriąuc. a laquelle il consacre deux fois plus de place qu’aux six autres ans liberaux (ibid., p. 36).
93 "Qui a ecrit« Le livre des fais du bon messire Jehan le Maingre. dit Bouciąuaut »?", Pratiąues de la culture ecrite en France au Xlm siecle (Moniąuc Omato et Nicole Pons. dir.), Louvain-la-Neuve. Federatior Internationale des Insbtuts d Etudes Mćdićvales. 1995, pp. 135-149. Ne en 1364. N. de Gonesse a ćtudić te iheokDgie a rUnhersiie de Paris ou il a, sembie-t-il, obtenu un doctorat en 1403. En 1401. il a acheve te traduction de Valere Maxune entreprise par Simon de Hesdin sous Charles V. 11 est devenu confesseur dii marćchal de France Bouciąuaut. alors gouvemeur de Genes. en 1405 ou 1406; le Livre des fais i YTaisembtablemeni ćtć redige entre cctte dale et 1409.