116 YICTOR PAPACOSTEA 2
Le dćveloppement des communes — des yilles libres surtout — et de la bourgeoisie enleyera au phćnomćne culturel son caractóre ćtroit du aui nścessitćs modestes de la sociśtś agrarienne, en 1’affranehissant petit & petit de ses servitudes thśologiąues. II s’ensuivra un grand progrós dans le domaine de la culture teehniąue, dans celui des arts libóraur et, finalement, de la pensie philosophiąue et scientifiąue. A ce meme moment, le niveau de 1’enseignement supćrieur s’ćl£vera par la laieisation lente, mais ininterrompue, de son contenu. Le mouyement humanistę et surtout les courants rćformateurs de 1’óglise rćaliseront les premiśres ótapes de cette śvolution favorable de l’ócole. Ce sera ensuite le tour des grandes impulsions donnśes par les «despotes ćclairćs». Enfin la Rćvolution Franęaise, par raffranchissement de 1’esprit humain de toute contrainte, aboutira & la sśparation formelle et fondamentale de 1’ćcole et de 1’śglise.
Par consśąuent, les peuples qui ont bśnśfició de bonne heure d’un dóveloppement urbain intense ont eonnu, grace aui conditions matćrielles favorables et au dóveloppement plus librę de 1’esprit et des talents, un essor plus rapide de la culture et de 1’enseignement. Dans les sociótós agra-riennes, fortement dominćes par le thćisme et par la tyrannie des thćolo-giens, paralysóes par le fameux «immobilisme o, consśquenee des conditions ćconomiques et sociales, l’activitó intellectuelle, placśe sous le con-tróle permanent de la philosophie scolastiąue, connut fatalement un progres beaucoup plus lent.
En lignes gśnśrales, c’est 1& l’ćvolution quel’on releve dans les Etats Roumains en ce qui concerne le phónom&ne de culture intellectuelle, ćvidemment avec les diffćrences spścifiques dśterminćes par la diversit4 des facteurs intćrieurs et extórieurs qui y ont agi au cours des siecles (facteurs socio-ćconomiques, góographiques et historiques, diyersitó des courants d’idćes, personnalitós exeeptionnelles, etc.).
En Yalachie et en Moldayie, im des principaux facteurs de progres dans le dćveloppement de 1’enseignement et de la pensće philosophique a śtś reprósentś par les Grecs. Membres de communautós urbaines mil-Dnaires de nayigateurs et de commeręants, avec des traditions ancestrales de rationalisme et de libertó de la pensee, les Grecs ont immigrś en grand nombre chez nous de tout temps, mais surtout apres notre intćgration dans le systeme óconomique ottoman, qui ótait sous leur domination. Parmi les moines grecs immigrćs, apparaissent des personnalitśs qui militeront de bonne heure pour un enseignement librę. II ne faut pas oublier que presque toute 1’ćlite intellectuelle de la nation greque portait cette śpoque la soutane. II est donc bien naturel que ce soit du sein de ce clergś grec et des thśologiens que sortiront les ólśments de progrós et de reformę. Matthieu de Myre, Kyrillos Loucaris, Theophylos Korydaleus, Dositheos Notaras, Ioannis Karyophyllos, Seyastos Kyminites, Chri-