laąuelle il faut embrasser non seulement Horkheimer et Adomo mais aussi Herbert Marcuse qui leur est tr£s lie, bien qu’il en-seigne aujourcThui aux U. S. A.)«.10s
II semble difficile de rassembler dans une meme critique le »dog-matisme« du Parti communiste et le »revisionnisme« de la theorie critique de 1’Ecole de Francfort et pourtant Goldmann consid£re que Garaudy et Marcuse104 font preuve du meme manque d’imagination theorique lorsqu’ils s’interrogent sur le socialisme. Si Garaudy est in-capable de se detacher veritablement de 1’organisme dirigeant, Marcuse et Adorno font preuve d’un manque d’imagination par rapport a la societe existante. Ce qu’ils ne parviennent pas a mettre en ques-tion, ce n’est pas le dogmatisme theorique, mais 1’apparente solidite de la societe capitaliste contemporaine. Aussi, apparaissent-ils radica-lement pessimistes sur les possibilites de la transformer:
»Marx, Staline, Khrouchtchev ou Thorez ont dit telle ou telle chose, elles sont donc vraies et nous devons les admettre. Le monde Occidental assure une augmentation du niveau de vie des ouvriers, les integre et affaiblit considerablement leur autonomie intellectuelle et leur capacite de resistance a 1’ordre existant, c’est un fait et nous avons a 1’admettre et nous en accommoder. Si grandes que soient les differences entre des deux positions, il y a malgre tout quelque chose de commun entre elles«.105
Goldmann adresse les memes reproches a Mandel et Alavi pour leur analyse de la societe contemporaine et de l’evolution du capita-lisme: ils reconnaissent la realite des transformations du capitalisme par rapport aux previsions de Marx mais au lieu d’elaborer une theorie capable de comprendre cette evolution, ils s’efforcent dćsespere-ment de montrer que celles de Marx et Lenine ont toujours la meme validite:
»tr£s souvent d’ailleurs ils ne se demandent meme pas si la vali-dite de telle analyse particuliere signifie encore quelque chose quand elle s’ins£re dans un ensemble different et surtout, ne se demandent pas si cette manićre d’etudier une realite par rapport
,M M. S. p. 314.
tM Ce reproche de Goldmaon k l’6gard de Marcuse nous semble injuste, lorsque l’on songe a Eros et Civilisation. Goldmann a consacrć une tres intćressante ćtude au courant quc rcprćscnte Marcuse (Reflegion sur la Pensee (le Herbert Marcuse). M. S. p. 259-287. II serait utile d^tudier le bien fondć des critiques qu’il iui adresse, le diveloppement qu’il a donnć a plusieurs de ses thimes, et ses positions fondamentales par rapport au problime de 1'utopie et son role dans la pensie mar-xiste. Sa critique du pessimisme de Marcuse, ne prend tout son sens qu k la lumićre des oppositions fondamentales de rhćgelo-marxisme et du marxisme orthodoxe, c’est-i-dire de Bloch, Marcuse et Adorno et Lukacs. Goldmann a eu 1 occasion de prendre souvent position par rapport k ces courants au cours_ dcs congrćs organiscs k Koręula par la revue rraxis, auxquels participaient rćgulierement Ernst Bloch. Herbert Marcuse, Erich Fromm, les assistants de Lukacs et^ Goldmann lui-mcme. Nous ćtudierons ces diTfćrcntcs controvcrses dans unc autre ćtude de la pensee po-litique de Goldmann.
>•» M. S. p. 315-316.
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