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et diplomates dans les dossiers ou leurs compćtences se chevauchent. Lorsqu’un sujet tombe uniąuement dans les responsabilites d’un acteur, il est difficile d’etablir un rapport avec les autres bureaucraties du gouvemement. Toutefois, dans 1’espace commun de la politiąue ćtrangćre, les relations entre la Dćfense nationale et les Affaires ćtrangeres ont change.
Avec la decision, en octobre 2001, de rejoindre la coalition americaine Operation Enduring Freedom en Afghanistan et dans 1’ocćan Indien, le Canada s’approprie un discours sur les «terroristes» et les «talibans» dćconnecte des realites sociales, culturelles et historiąues du pays. A Kandahar, pour la majoritć des Pachtounes ruraux et conservateurs, les armes et les projets de dćveloppement sont deux vecteurs d’une culture qui leur est ćtrangere, kaffir. Le dćbat canadien sur les moyens approprićs - debat qui oppose les operations militaires et rentrainement de soldats afghans a 1’aide civile - participe de la meme logique discursive centree sur la faillite etatique. Au Canada, aucune voix politique ne semble s’interroger sćrieusement sur la compatibilite du modele Occidental d’Etat avec la nation pachtoune. S’il existait une fenetre d’opportunitć pour organiser des negociations de paix avec les vaincus, la confćrence de Bonn ressemble plus a celle de Paris en 1919 qu’au Congres de Vienne. Au contraire, la confćrence des vainqueurs de 1’Afghanistan organise un nouvel ordre politique revanchard ou des groupes, au bilan en matiere de droits de la personne tout aussi desastreux que celui de PEmirat du mollah Omar, s’enrichissent grace aux retombees d’une aide au developpement dćtoumće et de la culture de 1’opium.
Nous avons affirme deux cultures organisationnelles permettent de distinguer les « militaires » des « diplomates » lorsqu’ils sont compares. Nous avons aussi emis 1’hypothese qu’au toumant du 21e siecle, les relations bureaucratiques entre le Ministere des Affaires ćtrangeres et du Commerce intemational et le Ministere de la Dćfense nationale ont changć. Plusieurs facteurs auraient modifie la politique ćtrangere et accorde une influence nouvelle a la Dćfense nationale. En particulier, deux discours, celui sur les Etats faillis et celui de la collaboration gouvemementale structurent les róles assignes aux acteurs bureaucratiques. L’analyse de 1’influence de la bureaucratie sur la politique ćtrangere se butę systćmatiquement a deux problćmes. D’une part, les recherches tendent a etudier les grandes decisions des gouvemements de Jean Chretien, Paul Martin et Stephen Harper et a conclure