notamment sur Tinfaillibilite du papę, des opinions qui auraient pu etre prises d’un bout a 1'autre dans les ecrits de Bossuet 41°).
Deux tendances opposees se sont-elles ici tellement neutralisees qu’elles se sont absorbees toutes les deux dans le neant? On ne pouvait pas dif-famer rćveque dans sa vie privee, et se prevaloir d’autre part de son auto-rite dans la lutte des idees.
Un troisieme element nous fait pencher plutót pour une autre expli-cation. Dans le Journal literaire surtout, ces auteurs hollandais ont porte aux nues Gilbert Burnet, le grand adversaire anglais de Bossuet, avec qui quelques-uns d’entre eux etaient en relations personnelles, et dont on allait jusqu’a proclamer „que ses talents allaient au dessus des forces humaines et servaient pour ainsi dire d'epoque au siecle dans lequel il avait vecu” 411).
On avait toujours fait grand cas en Hollande de l’eveque gallican, qui y avait longtemps sejoume, et y avait meme ete admis dans le Conseil du prince d'Orange. En 1689 on avait publie a Amsterdam la traduction fran-ęaise de sa Critiąue de VHistoire des Variations, faite par J. C. de la Crose, le bras droit de Jean le Clerc412). Rien de plus naturel que cet essai pour implorer un puissant secours etranger contrę M. de Meaux. Mais lorsque la voix de celui-ci s'etait eteinte, on vantait a Texces Toeuvre de Burnet, en semblant ignorer celle de Bossuet. Cetait une arme nouvelle dans la lutte contrę Tinfluence du controversiste catholique. Puisque les interets de la Reforme primaient tous les autres chez ces journalistes protestants, ils n*allaient pas augmenter le credit de Bossuet en s’appuyant sur lui dans certains problemes ecclesiastiques, ni meme en attaquant ses moeurs, ce qui aurait implique toujours un aveu indirect de son importance.
L’ATTAQUE DIRECTE.
Lorsqu,on s'aperęut que tous les efforts pour nier, diffamer et passer sous silence un nom et une oeuvre dont Tinfluence allait croissant, n’avaient que peu d'effet, on se mit a attaquer directement sa methode de controverse elle-meme. Ee rej et le plus brusque sen trouve dans la Bibliotheąue rai-sonnee des Ouvrages des savans de 1’Europę 413). De deux choses Tune, dit le journaliste: ou bien Bossuet a voulu dire dans son Exposition que les disputes ne roulaient que sur de simples malentendus, ou bien il a ete d’avis que ces matieres ne devraient plus causer de contestations, depuis que le Concile de Trente en a parle definitivement. Si Ton doit admettre la premiere explication, on ne comprend pas trop bien ce que fait la le Concile
410) Cf. entre autres De Hollandsche Spectator, t. V (18 Juni 1734), p. 441.
411) T. VI (1715), lere partie, p. 202.
412) Cf. Bibliotheąue Universelle et Historiąue, t. XI (1688), p. 471.
41S) T. XIX (juillet, aout, sept. 1737), lere partie, p. 64 sq.
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