3 Comptes rendus 201
sans nuances ou qui obćisse, k des idćologies ou partis pris. Le sous-titre dćvoile 1’objetde la recberche: prendre la tempćrature de la socićtć roumaine au temps d'un grand bouleverse-ment historiąue, en ćtudier les consćquences, mais sans nier des ćventuels signes avant-coureur qui ont fait possible l'ćcho, et, en mfeme temps sans sur-apprćcier 1'impact objectif et contras-tant k la fois au niveau des institutions et k celui des idćes et des mentalitćs.
Pourąuoi i ćtats d'esprit*? Parce que, de gre ou de force, le terrain primordial de toute revolution reste la conscience des gens. Pourquoi € rćactions *? Parce que tout ferment doit rencontrer un terrain fertil dont dćpend 1’efficacitć de son impact et la cohćrence de son action. Pourquoi « confluences *?. Parce que 1’histoire est plus compliquće pour qu’on puisse ignorer la multitude des facteurs et des reponses qui y concourent. En tenant toujours compte de la longue durće, et non seulement des effets k court terme, de la pluralitć des ni-veaux d'analyse et non uniquement d'un strict dćterminisme (soit-il ćconomique ou poli-tique), qui simplifie les options et les orientations, le volume ci-prćsent plaide, k sa manierę, pour une i autre histoire *.
Dans ce sens, l’ouvrage rćunit les ćtudes: «Tant que l'hiver n’arrivera pas, nous ne verrons pas le printemps — transformations dans les mentalitćs du Sud-Est de 1'Europe a de but de XI Xe s * — signć Al. Du^u (le coordonnateur du volume), i Des tćmoignages occiden-taux et etats d’esprit dans le Sud-Est de 1’Europe (fin du XVlIIes. — dćbut du XIXes.) ♦ — signć CAt&lina V&t&ęescu, « La difusion oficielle des nouvelles et 1’option roumaine* (1781 — 1800) — Zamfira Mihail et < Idćologie et propagandę dans les actes des chancelleries princić-res des Pays Roumains * (1775—1881) — Emanuela Popescu-Mihut, jointes k une riche an-thologie de textes concernant la zonę considćrće daus la pćriode 1789—1821 et qui appu-ient l'analyse menće tout en laissant la voie ouverte k son approfondissement (il s'agit des rćcits et tćmoignages de voyageurs, des mćmoires, brochures, feuilles volantes, actes officiels, proclamations rćvolutionnaires grecques et roumaines, rapports inćdits).
Ainsi, les quatre ćtudes proposent des aspects diffćrents, mais complementaires de la problematique prise en compte. Celle d‘Al. Dufu, avec laquelle s’ouvre le volume, dresse une analyse du climat mental de l'ćpoque, tout en soulignant son importance et son enjeu et sug-gćre des niveaux d'ćtude qui seront plus amplement dćveloppees, en prenant la relćve, dans le reste de l'ouvrage. II s'agit de voir, selon Tauteur, quel est le substrat mental qui met en marche 1‘bistoire et quels sont les facteurs qui 1’influent; en outre, comment, graduellement, un etat difus d'identitó sera transformć dans une vćritable conscience de soi, un simple i frć-missement f ou une attente, parfois inconsciente, dans une revendication reflćchie et argu-mentće. Car, au niveau des 6vćnements, les consćquences ne s'atardent pas: les ćmeutes vont devenir, dćs ledebut du XIXes, des luttes de libćration avec un programme coherent, une orga-nisation elaborće, et, par consćquent, avec des rćsultats effectifs et significatifs, car ils chan-gent la physionomie de cette partie du continent: le mouvement serbe qui, en commen-ęant en 1804, aboutira, par le traitć d’Audrinople de 1829, k 1’autonomie de la Serbie, la Rć-volution de Tudor Vladimirescu de 1821 qui mettra fin aux rćgnes des Pbanariotes au profit des princes indigćnes et, enfin, le mouvement grec de 1'Etćrie qui conduira dans la mćme annće, k la fondation de TEtat grec indćpendant.
Period© de transformations, certes, mais primordialement au niveau des consciences. Partout, les idees des Lumićres, tout en prenant une formę didactique, precćdent les mouvements de libćration et leur donnent de nouveaux concepts. Les idćes force de patrie (qui acquiert son importance surtout k la fin du XVIIIes), liberte, bonheur, justice, tout en connaissant elles-mćmes une ćvolution et une cristallisation, vont polariser les aspirations collectives et figure-ront constamment dans les ćcrits du temps et dans les documents de tous les trois mouvements. Quoique le rapport entre Toralitó et Timprimó gardę son importance, l’avancement de 1'impri-merie apporte avec soi plus de rćflexion sur la cause nationale, s^accompagne d’un processus d alphabćtisation et des progrćs de la sćcularisation de la pensće. Ces derniers, 6vidents dans les chroniques roumaines dćs la fin du XVIII°s, changeront non seulement les catćgories mentales, mais vont influer sur la naturę des objectifs politiques, sur le caractćre ancien du pou-voir princier et sur la perception qu'on a de i’autoritć ottomane,peręue dćsormais, comme 1‘Orient en genćral, en tant que Ti Autre* qui permet une autodćfinition par oppositiou. i Lc nationalisme culturel * prćcćde et soutient les aspirations du nationalisme « p>oiitique *. L'appa-rition des journaux et des brochures avec une plus large diffusion contribuera k la mobilisa-tion des consciences, k la transformation des rćseaux de solidaritć et k 1’unification des rćactions. La iguerrć des feuilles volantes *, analysće dans son ćtude par Z. Mihail, en est une sugges-tive exemplification. Ce sera d'ailleurs l’un des moyens de connaitre, plus ou moins fidćlement, comme le dćmontrient les autres articles, la Rćvolution Franęaise, k cótć de la transmission orale, toujours importante, des contacts directs, de l'activite des agents franęais.
Quelle a ćtć 1'efficacitć de cette «influence *? L’auteur rappelle que dans cet espace < re^olution • veut dire, dans un premier temps, i restauration ♦, au sens d’un retour k un passć