CHRONIQUE DE CRIMINOLOGIE 629
un hebergement pouvait etre organise rapidement. A cette fin, le ministere de la Jus-tice a mis en place des permanences d’orientation penale aupres des tribunaux notamment pour les jeunes de moins de 25 ans. Encore faut-il que les ressources locales se mobilisent pour trouver 1’hebergement. Le Premier ministre a invite les prefets a aider les communes a presenter des programmes coherents.
Si 1’incarceration se realise, il faut maintenir les liens famiiiaux essentiels a la rein-sertion des detenus dans la vie de la cite. Pour ce faire, il est propose de mettre en place des structures d’accueil a proximite des etablissements penitentiaires, gerees par des associations oflrant des services multiples. L’Etat, par le biais de la C.I.V., apportera son aide a la misę en place de ces structures.
De la lecture des documents qui ont marque les etapes de la reflexion et de la concertation prealable a la politique des nouveaux outils de la prevention, il ressort que la prevention de la delinquance ne se conęoit pas en elle-meme. II faut la lier etroitement aux autres actions entreprises sur la ville. C’est ce qui ressort egalement de la conference de Montreal sur la securite et la prevention de la criminalite en mi-lieu urbain d’octobre 198917. Avec raison, on ne croit plus a la simple repression penale, encore moins a la seule multiplication des equipements et des effectifs policiers. On place davantage sa confiance dans la refection du tissu social. La delinquance n’est pas seulement le fait d’individus pris hors de leur environnement. Elle se nourrit de carences sociales et economiques. II importe donc en priorite de s’efforcer de remedier a ces carences en developpant les programmes d’insertion des citoyens dans la cite. C’est pourquoi avait ete creee la Commission nationale pour le developpement social des quartiers denommee Commission Dubedout18. La philosophie generale qui a preside a 1’elaboration de cette action de prevention visait a remodeler entierement Phabitat urbain et a developper 1’emploi, la formation professionnelle, les loisirs19. Le programme Banlieues 89 mene de 1983 a 1986 avait pour objectif de poursuivre Peffort de reconquete, de valorisation, de desenclavement et d’embellissement des territoires de banlieue.
Le gouvemement entend poursuivre dans cette voie. II est significatif que les trois instances nationales, C.N.V., C.I.V., D.I.V. portent toutes dans leur intitule l’expression « developpement social urbain ».
Dans la politique urbaine, une multitude de themes doivent etre abordes, lutte contrę la pauvrete et la precarite, lutte contrę toutes les exclusions ; habitat, educa-tion, action culturelle, transports, environnement, economie. Parmi ces themes Peconomie apparalt comme une priorite. Pas d’insertion sociale sans un niveau de vie decent, un habitat renove. L’action economique doit se concretiser par la creation d’emplois, d’implantations de commerces, d’activites artisanales et de senrices.
Mais cette action doit se doubler d’une action culturelle. II faut revaIoriser 1’ecole, lutter contrę Pechec scolaire, donner a tous 1’acces a la culture.
C’est grace a ces actions que la prevention de la delinquance devrait connaitre sa vraie reussite. Refuser l’exclusion, tel etait 1’intitule du discours de Michel Rocard pour 1’installation du Conseil national des villes. Etre en securite, se loger, s’inserer, trois volets essentiels de la lutte contrę les exclusions et la delinquance potentielle. Formons le voeu pour qu’avec le temps ce projet ambitieux se realise et que les jeunes des grandes banlieues ne soient plus confrontes au « no futurę »20.
17. « Lc dcvoir », 11 oct. 1989, Journal ąuebecois.
18. M. Dubedout, Ensemblet refaire la villey rapport au Premier ministre.
19. Sur le bilan de cette action : Commission nationale pour le dćveloppement social des ąuartiers.
Bilans et per$pectives 1981-19849 La Documentation franęaise, 1989. »
20. Villes europeennes : strategies et projets urbains, Colloque intcmational, Strasbourg, 6-8 juin 1990, Conseil de PEurope.
Rev. sciencecrim. (3), juill.-sept. 1990