140 LA VERTU ET LE PRĆCEPTE
meme quand il s’agit de savoir si cette sollicitude prudente et pa-ternelle peut s’exercer sur tout ce qu’il possede ou acquiert licite-ment: ici il y a une limite qu’il ne peut franchir; c’est sa situation sociale qui la pose, en lui fixant le superflu d'etat, a comprendre largement. C’est cette limite qui precisćment fait tomber ce sur-plus sous l’exercice du communisme d’usage. Celui-ci n’exigeait-il pas en eflet que dans 1’utilisation des biens de ce monde par un particulier, il restat place pour une utilisation qui le depassait ? Et justement, le superflu d’etat n’est pas autre chose que ce qui ne peut pas etre utilise pour soi et les siens, qui ne rćpond a aucun de leurs besoins soit de vivre ou de bien vivre dans leur rang, et qui de ce chef doit servir aux autres. Et Ton nous a dit qu’il oblige par lui-meme, parce que superflu. C’est juste, et ce n’est pas rappeler autre chose que son caractere genćral de biens utiles, propre aux richesses (2* 2ae, 118, 2).
L etude de ce premier temps de 1’aumóne, en regard de la doc-trine de la possession priv6e et par la des biens terrestres qui tombent sous le domaine de Thomme, nous amene a bien saisir pourquoi saint Thomas lui a toujours accorde la premiere place; c’est qu’il prend racine dans 1’ordonnance naturelle a 1’homme de toute creation materielle, dans sa raison de bien a lui utile pour atteindre sa fin; et que dans l ordre d’execution il se pr6-sente comme une participation concrete au domaine du proprie-taire, un effet naturel de celui-ci. De meme on comprend mieux pourquoi il avait caractćrise ce premier temps par une liberte complete de d6termination quant aux personnes, a la quantit6 du don, aux circonstances; c’est que si 1’obligation d’exercer le communisme d’usage existe, il gardę ce caractere de spontaneite et d’independance qu’il tient de son inseparabilite avec la potesias procurandi et dispensandi, attribut par excellence du vrai proprie-