28fi SAINT E-ANNE DAURAY
L'induslrie voituridre, qui s'cst ainsi creće par ndces-sitd, a pris un ddveIoppement considdrable, depuis que les v«yageurs ont pris 1’habitude de faire des excursions aux environs de Sainte-Anne.
Le commerce 6 Sainte-An-ne est presque entidrement aux mains des femmes et des jeunes filles. Et du reste elles sont bien k leur place derrićre les dtalages ou le pćlerin va acheter chapelets, statuettes, medailles, images, bibelots, souvenirs de toutes sortes.
A part quelquesprofessionsspeciales, ndcessairement en dehors des aptitudes fdminines, le village ne pos-sdde ni atelier ni usine, pour retenir chez eux les hommes<iui ont besoin d’un gagne-pain, et les jeunes gens qui ont k faire leur apprentissage ; ils sont rćduits, les uns ćt les autres, ii chercher du travail ailleurs, au risque de rencontrer, k cótd de la profession qui les nourrit, des idćes qui les pervertissent.
N’est-ce pas une lacunc ?
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Du temps des carmes, il n’y avait d'dtalagc que dans la rue des Merciers.
Les deux premiers magasins ouverts sur la place de 1’dglise sont k droite et k gauche de la Porte-Neuve. Ces maisons et celles qui leur font suitę ont une faęade uniforme qui ne manque pas d'originalite : par devant au rez-de-chaussće, une table protdgde par un auvent; et au-dessus, une galerie vitrde communiquant de plain pled avec le premier dtage (1).
Depuis que 1’esplanade s’est ddveloppde, le pour-tour est rempli de nombreux ćdicules sans style o(i
interpeller indiscrćtement les vovageurs, semparer d'eux h bras le corps, les traiter coinme des colis et les installer de forcc dans leurs voiturcs,
(1) (.es ćdifices de ces maisons apparticnncnt h des particuliers; mais le- Petit Sćminaire, tout en autorisant A construirc sur l'cm-placement des anciennes goleries, n'a pas alićnć la proprićtć du sol.
s’abritent les marchandes. On en trouve ćgalement qui sont adossćs h la clóture du champ de 1'Epine, ou ins-tallds dans l'avenue des Ormeaux, sur la route d’Au-ray, sur celle de Brech, portant presque tous la mćme enseigne : Objbts de piet# (1).
Les grands jours de fdte, aux commeręants du village viennent faire concurrence des marchanda ótrangers dont les etalages encombrent les trottoirs et les chaus-sees (2).
Encore si ces ćtrangers ne vendaient que des articles religieux ! Le commerce local n’est pas en effet seul k se plaindre de leur prćsence ; les fidfcles eux-mómes souffrent de cette intrusion ; et le clergć a dti protester aupr&s de 1’Administration que des forains sans cons-
(1) A propos de ces enseignes Mr Joubioui contait une sortie buarre de Brizeux son ami, au cours d'une excursion qu’ilsfirent ensemble A Sainte-Anne.
Lc połte ćtaitscandalisćdes inscriptions qu'il avait vues dansle village : Magatim rfobjtlt dtpUUICet accouplementdemols le dćrou-tait. « Vendre des objets de pićtó I comment se fait-il que l'on tolćrc un pareil trafie id, dans le licu le plus religieux de la Bretagne 1
Ce lettrć dćlicat, qui connaissait toutes les finesses de la langue, mais qui etait moins familiarne avec le langage courant dc la pićtć populaire, a etć choqu* d une expression qui n’est ćquivqque, en somme, pouraucun chrltien: mćdaillc, croix, scapulaires, etc., ne sont pas des objets auxque!s la pićtć s*adresse; ce sont des objets dont se sert notre pićtć pour s’adrcsser A Dieu.
<2) Au dćbut du XIX* slAde, la rue des Ormeaux falsait partie de la proprićtć du Petit Sćminaire. Plus tard, la chaussće en fut vendue pour la route n® 17 ; mais le Petit Sćminaire se rćserva la proprietć des trottoirs, avec le droil de faire payer les ćtalages des forains qui s'y installaicut. La communc lui contesta ce droit; un procts eut lieu, le Sćminaire eut gain de cause. Mais le maire prit sa revanche: un arrćtć municipal decrćta que les forains ćta-leraient i l'avenir, non sur les trottoirs, mais sur la chaussće ou le droit de place appartenait A la commune (ArrHt du 5 acril 1888, tign* Tanguyj.
Bień plus il revendiqua des droits sur les etalages dc 1'esplanade. Et, en consćquence, le placier voulut contraindre les marchandes qui vendaient sur la place de 1‘ćglise A lui nayer des droits. Mai lui en prit, et il fut reęu par les boutiqui£’es A coups de b&ton.
Tous les confiits se termintrent par un compromis. Les trottoirs de la rue des Ormeaux sont devenus la propriit* de la commune, et d’autre part le Petit Sćminaire a ferme sans rćclamations toute 1’esplanade par une grille.