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LA YERTU ET LE PRĆCEPTE
Cette rapide esquisse de la propriete privee nous presente donc ses deux aspects concrets de 1’usage des biens terrestres, le premier la legitime et la caracterise, le second plus nuance apporte une restriction necessaire a sa trop apparente exclusivit6; et il laisse soupęonner par la qu’il y a place pour rexercice dautres devoirs *.
§ 3. — L’USAGE COMMUNIQU£ DES BIENS MAT&RIELS;
UAUMÓNE
Or, si saint Thomas ne fait aucune allusion explicite a ces autres devoirs, s’il n’indique pas ici expressement quel nouveau champ d’action s’ouvre devant le proprietaire, c’est qull a l’ha-bitude de ne point meler les questions; il repond formellement a ce qui est demande, nous le savons par 1’etude du laudabiliłer (q. 32, a. 6). Aux lecteurs de faire le lien avec ce qui a 6t6 dit ailleurs. Mais souvent il tracę la direction a suivre. Ici meme il a ete question a propos de ce communisme d usage des necessi-tates aliorum; c’est deja assez revelateur. Ce que confirme encore
1. M. GEORGES RENARD, alors professeur a la Faculte de Droit de Nancy, a publie dans le numero de septembre 1930 de la Vie inielleduelle, un article fort remarque sur ((La pensee chretienne sur la propriete et les inegalites sociales qui s’ensuivent)). L’eminent juriste se dit le porte-parole de la doctrine catholique sur la propriete (p. 243), avec textes authentiques en main. Toutefois tres peu nombreux sont ceux qu’il apporte; mais c’est rartide de saint Thomas que nous venons d’etudier qui fait le fond de sa theorie (p. 260-261), dont voici Tessentiel. II y a deux elements dans la propriete, le suffisant et le surabondant; le premier repose sur le droit na-turel, le second sur (( un fondement utilitaire et historique » (p. 259). De meme que le suffisant suppose deux elements de droit naturel: le droit a posseder ce qu’il faut pour vivre selon son etat et correlativement 1’obliga-tion de travailler pour se le procurer ou de le recevoir de la societ6, si on est