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M. Nettemont, visitant Sainte-Anne d’Auray en 1851, ćcrit: « Nous rencontrAmes ęk et lk quclques groupes de p&lerins qui, en apercevant la tour de Sainte-Anne, flóchissaient legenou. »
Et plus tard, en 1860 : * La veille du 26 juillet, plu-sieurs milliers de personnes avaient assistć k la proces-sion solennelle. Le lendemain k 5 h., on cćlćbra la messe k la Scala Sancta pour les pćlerins qui avaient passć la nuit dans la landc voisine, et qui pour la plupart repartirent aussitót ; et pourtant, quand arriva l’heure de la grand'messe, 1’ćglise ćtait encore pleine... » (1).
Ainsiautour du sanctuaire tout change, les hommes, les gouvernements, les idćes. Mais, au milieu de cette transformation universelle, il y a ici une chose qui ne passe pas, qui ne change pas.
(!) NrrrmBrr : Quibtron, Souvenirs du Morbihan, p. W.
Trois ans plus tard, quelques jours arant les tttes de juillet 1851, Louis Yeuhaot ecriYait au coursde son eicursion en Brctague :«de tiens k Sainte-Anne ; mais pas du tout au jour; et je n'ai meme aucun dćsir de voir les pćlerins, malgri 1’ćdification que j‘y pourrais puiser. Je suis cornme notre aml Donoso, je ne m'ćdifie jamais dans la foule... Ainsi donc je m’arrangerais trćs bien dc ne voir k Sainte-Anne d'autre pilerin que moi-raćme... «■ {CorreiponJtnce).
APPEMDICE
I. — Lks orgues de Sainte-Anne
Le premier orgue ćtait du F. Nicolas de Sainte-Cćcile, ori-ginaire de Dieppe ; il fut inaugurć vers 1654. ■ On peut dire sansexagćration,ćcritleP. Kernatoux, qu’ilest des meilleurs, des plus doux, des plus dćlicats qui se puissent cntcndrc ».
En 1775, il fut rcraplacć par un instrument plus puissant, qui est rocuvrc du F. Florentin Grimond.
Cet artiste, originaire de Besanęon, k la fois horloger et fac-teur d'orgue, avait fait profession k Tours. Au moment de la Rćvolution il appartenait & la maison de Saint-Pol. Lorsque rinternement des Religieux fut dćcrćtć. il obtint de rerenir k Sainte-Anne d’Auray ; et, 6 peine installć, sans souci des ćvó-nements politiques, il fit venir ses ouvriers de Brest, et se remit au travail, pour perfectionner encore ('instrument qu’il avait montć ici quinxe ans auparavant (1). .
Les commissaires qui faisaient le recolementde l'inventaire en 17112, le trouvfcrent dans sa cellule transformće en atelier : il leur fit entendre qu’il n'y avait rien & inventorier chez lui, vu que les outils lui appartenaient en propre et qu il payait lui-móme ses ouvriers...
Mais un jour vint oit il dut abandonner ses travaux et prendre lui aussi le chemin de l’exil. Toutefois 1'artiste ne se rćsigna pas k tout laisser entre les mains des vanda!es ; et, avant de partir, il rćussit k transporter en cachette quelques-uns de ses tuyaux d'orgue dans la campagne de Kcrmadio. II
(1) Les rcnsclgncmcnts concernant le frłre Florentin Grimond sont estraits des Archivcs du Dćpartement (L. 783 ct 249), et d’une notę ma-nuscrite trouv<e dans son orgue en 1868 quand on le dćmonta pour le transfćrer 6 Carnac.