384 SAINTE-ANNU DAURAY
sainto image, son orgueil disparaifr; il tombe k genowe et commence 6'prier.
Son compagnon, vonant le rejoindre apr£s avoir fftit un. tour dans Ućglise, Itaperęoit dans cette nttitudo, et, tout surpris, lui demande ce qu’il fait lin
— Inutile de compter sur moi, dit»il; pour le reste du voyage. J’ai besoin de m’arr£ter icń
Lautre, qui n’avait pas les memes raisons de sattar-der dans la chapelle, prendialors congó dc luiv ne vou* lant pas dtre-indiscret, et s'en-va.
Cest quelques minutes plus tard que je rencontrai lq converti. 11 demandaitA Dieu, comme saint Paul: t Que voulez-vous que je fasse !... »
Quelque temps apr£s il entrait au noviciat de la Gompagnie de J^susi Et voiI6 des faveurs telles que sainte Annę sait en accorder aux móres qui les de* mandent.
Pendant que lechapelain racontait cette conversion^ la plus vivećmotion sepeignait sur le visage de celles qui 1'ćcoutaient; et, quand il eut terminó son rdcitv l’une d'entne elleslui dit, avecleslarmes aux yeux:
« Cest mon fils. »
Devenu prótre, le converti a voulu venir cólćbrer une messe daction de grAces dans 1’ćglise de Sainte-Anne; et‘, au t^moignage de ceux qui 1’ont connu, il a vdcu eHlest mort'ęómme un saint'(t)»
Un protestant. — En ce moment vit k labbaye de Beuron, sous le froc bćnćdictin, un artistc peintre hol-landais, — doiq W.illibrord Verkade — qui a racontć lui-mćme los ćtapes de sa conver.sion;(3),
Or 1’ćtape derniAre fut franchie dans le dioc&se de Vannes, sous, la directjon. d’un apcien chapelain de
(1) Hecueil des fiirtcles, n* 12).
(2) Le Tourment de Dieu (traduction franęaise) chez Louis Rouart: 6, place Saint*Sulpice, Paris.
Sainte-Annc, le P. Le Texier S. J., au cours cTune mis-sion qu’il prćchait h Saint-NolfT. Vcrkade se trouvait alors dans cette localitć en compagnie d’un jeunc pcintre danois, protestant comme lui, et comme lui venu pour faire des ćtudes dart dans la campagne bretonne. II se lia d'amitić avec le missionnaire, et lui fit part de ses incjuietudes ainsi quc de 1’attraction pro-digieuse qu'excręait sur lui la religion catholique, « la seule religion, disait-il, qui lui parót sćrieuse *.
Cest ici que sainte Annę entre en scóne, & la veille d’une de ses grandes fótes : « J'avais entendu parler, ćcrit Verkade, du Pćlerinage de Saintc-Anne d'Auray; on me raconta qu’6 la vigile de la PentecAte des mil-liers de pfclerins y viennent de toutcs les region8 de la Bretagne : belle occasion de voir les diffćrentscostumes nationaux. i %
II s’y rendit donc, mais il devait y trouver d’autres impressions que cellcs d’un artiste. Du reste na-t-il pas avouć depuis lui-mAme, qu’aprfcs avoir ćtć ballote par tous les vents de la doctrine, il n’avait pas encore trouvó la bonne voie; il attendait tout de la rćvelation immediate de Dieu.
II arriva dans la matinee 6 Sainte-Anne d’Auray.
« Cest un village insignifiant, remarque-t-il, sans au-cun charme ; seul, le lieu du Pfclerinage a quelque attrait. » *
A 1’occasion de la retraite aux llambeaux, qui se fit le soir du mćme jour, il raconte une anecdote dans le genre de celles que nous avons notees nous-m£mes en dćcrivant la Physionomie generale des fkles au XIX* sićcle.
« De nombrcux pfclerins portant un cierge allumć s’ćtaient dćj& mis en rangs ; c’ćtait merveilleux de voir dans le crepuscule cette procession de lumićres passer lentement sous les grands arhres. A cAtś de moi se trouvait un individu laid et boursouflć, un de cesAtres remplis de la haine de Dieu, tels qu’on en ręncontre plus dans les pays romains qu’ailleurs. II se mit & blas-phAmer tout haut: « Quelle stupiditA! quelle supersti-
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