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LES PREUYES DIRECTES 37

B) Voyons quelle sera la conclusion lapidaire a retenir comme l’6nonce cTune these. Pour en mieux juger rappelons celle des Sentences, puis plaęons en regard celle de la Somme:

LES PREUYES DIRECTES 37

Sic igitur dare eleemosy-nam de superfluo est in prae-cepto; et dare eleemosynam ei qui est in extrema necessi-tate...

Et ideo dicitur communi-ter, quod dare eleemosynam de superfluo, cadit sub prae-cepto: et sic dare eleemosynam ei qui est in extrema necessi-tate...

On ne peut nier que c’est exactement la meme construction gram-maticale, qui indiquerait a quiconque sait le latin, meme s’il ignore de quoi il s’agit, que ce sont la deux membres de phrase a entendre disjunctioe, et non copulatioe; deux choses distinctes qui sont commandees: praeceptum est ut fiat hoc et fiat illud¹. En somme, deux sources d’obligation: le fait d’avoir du superflu, le fait qu’il y ait une extreme necessite; autrement dit: ratione superfluitatis et ratione extremae necessitatis.

Si maintenant on jette un regard sur 1’ensemble de cet expose, il ressort que la maniere de proceder de la Somme n’a pas la ri-gueur logique et la force coherente de celle des Sentences, et que se verifie assez bien ce qu’on a sagement remarque sur l’evoIution de la pensee theologique de saint Thomas:

A comparer les loca parallela des Sentences et de la Somme, on a sans doute souvent Timpression d’une pensee d’abord un peu touffue et qui est devenue parfaitement nette en arrivant a force de reflexion et de maturation a se former pleinement. Mais d’autres fois aussi on sent une theorie, tres nette et tres precise au debut, qui maintenant devient plus indecise, avec quelque chose d’hesitant².

1

   Opuscula omnia Thomae de Vio Caietani cardinalis. Tract. V: De praecepto eleemosynae ad mentem S. Thomae in sex capitula divisus (Lug-

duni, 1587, t. II, p. 151).

2

   J. de Guibert, S. J.: Les Doublets de saint Thomas d’Aquin_t p. 15.