LES PREUYES DIRECTES 57
pro semper, 1’acte exterieur est prohibe aussi etroitement que Tacte interieur. Mais 1’aumóne est un prćcepte positif; et dans ce genre de precepte, 1’acte extćrieur lui-meme n’est pas toujours atteint, mais seulement secundum debitas circumstantias loci et temporis; et par consequent 1’acte interieur suivra ces modalitćs d obligation et sera requis dans la mesure ou 1’acte ext6rieur le sera. Et ici c’est la necessitedautrui qu’ondevraconsiderer. Celui qui serait decide a ne jamais faire 1’aumóne, quand la nćcessite s’imposera a 1’acte exterieur, manquerait de ce chef au prćcepte positif qui atteint ainsi la volonte du donateur. Cet acte interieur obligatoire est appele praeparatio animi, parałus facere, que saint Thomas avait deja expliqu6 a propos de la bienfaisance en ge-neral: caritas requirit ut homo etiamsi non actu aliąuibm bene-jadały habeat tamen hoc in animi sui praeparatione ut benejadat cuicumque, si tempus adesset... (2« 2«, 31, 2, ad 1“®). Le mot signifie donc ici une disposition positwe de la volont6 qui tombe sous le precepte, 1’intention de 1’accomplir quamd se verifieront les conditions qu’il suppose.
Or, precisement, quand se verifieront-elles ? quand lade exte~ rieur sera-t-il impose lui-meme ? Quand la necessite le demandera. Mais on precise immediatement que ce n’est pas toute necessite:
Unde non semper peccat mortaliter quotiescumque non dat pauperi qui superfłuum habet, sed quando necessitas imminet. Quando autem sit talis necessitas quod obliget ad peccatum mor-tale, non potest ratione determinari; sed commititur prudentiae et fidei dispensantis; unde si bona fide det quando sibi videtur expe-dire, immunis est a peccato; a!ioquin mortaliter peccat.
Est-ce que tout ceci n’est pas la repetition, le decalque de la dispute extraordinaire de Noel 1257 (Quod. 8, 12)? II s’agit de part et d’autre de savoir quand celui qui a du superflu qu’il doit donner, est oblige de donner au pauvre qu’oppresse la necessite; c’est le tempus necessitatis. La ressemblance des deux titres