LES PREUYES DIRECTES 47
Ce commentaire litteral montre que le laudabililer repond aux objections posees et non au titre pris materiellement; si bien que saint Thomas ne voit pas Tutilite de le faire ex professo: Et per hoc palet defacili responsio ad objecta.
3) Puisqu’il s’agit de borne a ne pas depasser generalement, les exceptions signalees indiquent qu’elle peut 1’etre toutefois; il n’y a pas d’obstacles dans ce cas de la part du necessaire: licet. Et employer le mot laudabiliter pour exprimer cette liceite est tout a fait legitime, puisque c’est la son sens premier, original chez Saint Thomas 1. En efFet, qui dit licite rappelle par la meme que rien ne s’oppose au bonwn rationis qui est la fin prochaine de toutes les vertus morales; et c’est la diversite de ces bona rationis ou de ces fins prochaines qui marque la difFerence specifique des vertus (III Sent., d. 33, q. 1, a. 1, sol. 1). Or, prćcisement, cette ditersa ratio boni est appelee par saint Thomas diversa ratio laudis:
Respondeo dicendum quod ad omnia opera bona quae specia-lem laudis rationem habent, specialis cirtus determinatur: hoc enim proprie competit virtuti, ut opus bonum reddat (2a 2ae, 104, 2).
Et continuant la meme terminologie, les passions que gouverne la vertu et qu’elle soumet a la raison, pourront etre dites elles aussi laudabiles, pour autant qu’on les considere sous ce rapport:
Ad tertium dicendum quod Philosophus dicit quod non /au-damur aut vituperamur secundum passiones absolute consideratas; sed non removet quin possint fieri laudabiles vel vituperabiles, secundum quod a ratione ordinantur (1a 2ae, 24, 1, ad 3).
Voila bien une claire equivalence: laudabile = tirtuose2. On peut la verifier par son contraire, puisque vertu s oppose a
£galement chez Guillaume d’Auvergne, v. g. Tr. de Virtutibus, c. XVIII (Guilielmi A ker ni opera omnia, Venetiis, 1591, p. 172).
Voir aussi: in III Sent., d. 33, q. 3, a. 4, sol. 4, ad 3; in IV Sent., d. 15, q. 2, a. 1, sol. 1, ad 5.